Notre mission en Bolivie donc les objectifs ont été :
Apporter une petite partie du matériel éducatif et pharmaceutique pour une petite école à Cochabamba.
En effet, par Mme SEYDOUX, Présidente de l’Association d’Aide à l’Enfance Bolivienne, qui nous a passé une information en 2001 sur le besoin d’aide financière d’un Centre d’éducation Spécialisée pour les enfants sourds en Bolivie, nous avions appris que l’agrandissement de la deuxième partie du Centre d’éducation spécialisée pour les enfants sourds était presque terminée.
Néanmoins, ils avaient besoin de matériel de premiers soins comme pour soigner les blessures superficielles, de l’aspirine pour les enfants, des produits contre les mycoses, un thermomètre et des bandages pour bras cassé et souhaitaient également avoir le matériel scolaire et pédagogique spécialisé pour enfants sourds.
Constater sur place la situation des enfants sourds boliviens et de leurs écoles. Notre séjour sur le sol bolivien a été très profitable, malgré le temps court ( 10 jours) nous avons pu visiter cinq écoles dont trois à Cochabamba et deux autres à Sucre et Potosi.
En Bolivie, il y 9 provinces et dans les provinces riches, il y a plusieurs écoles et dans les provinces pauvres, c’est souvent un seul établissement qui accueille les enfants qui présentent un handicap.
Vu la courte durée de notre séjour en Bolivie, nous ne pouvions pas visiter toutes les écoles pour sourds de la Bolivie. Nous avons donc sélectionné 5 écoles pour nous faire une idée plus ou moins claire de la situation des enfants sourds boliviens.
A Cochabamba où nous sommes arrivés, il y a cinq écoles pour sourds. Nous avons seulement visité celles qui nous intéressaient vraiment car pauvres.
Nous ne pouvions pas visiter, par manque de temps et de voiture, la plus riche des 5 écoles pour sourds de Cochabamba , le « Centre Christiano para Sordos » qui se trouvait assez loin de la ville. C’est un établissement qui n’est pas financé par l’Etat mais qui a été fondé par les méthodistes américains. Dans cet établissement, la langue des signes américaine, l’ASL, est pratiquée et la plupart des sourds sortaient diplomés. Apparemment, il y a 100 étudiants qui reçoivent toute la formation éducative depuis initiale jusqu’à la fin du secondaire, suivant le curriculum normal de l’éducation bolivienne. Nous ne pouvons pas confirmer cette information trouvée par internet.
La première école que nous avons vu à Cochabamba est l’école s’appelle le Centro “Virginia Madriz ”. Elle accueille des enfants handicapés et parmi eux des sourds ayant une légère déficience mentale ou un retard mental. C’est un établissement qui a été fondé dans les années 90 pour accueillir des enfants sourds et leur donner un enseignement adapté et « oraliste » mais au fil du temps, la responsable du centre a accepté d’accueillir des enfants handicapés mentaux habitant le quartier. Le Centre est constitué de deux établissements récemment construits grâce à des dons italiens. Les enfants qui fréquentent cet établissement sont issus de familles très pauvres.
Nous avons recensé dans cet établissement sept vrais sourds qui présentent apparemment un retard mental et qui ne connaissent pas les signes gestuels.
C’est à cette école que nous avons apporté le matériel éducatif et pharmaceutique demandé.
Nous avons été invités à leur fête annuelle traditionnelle qui était très animée.
La seconde école ( Instituto de Audiología ) que nous avons vu à Cochabamba est un centre spécialisé dans le diagnostic de la surdité et dans la prise en charge de l’enfant déficient auditif. C’est un institut « assez moderne » car déjà financé par les Japonais. L’établissement, composé de trois étages est assez grand avec une cour en ciment, accueille les enfants depuis la maternelle jusqu’à la fin du secondaire.
Nous avons visité différentes classes et rencontré des adolescents boliviens. Nous avons eu la surprisse de découvrir qu’un groupe d’élèves étudiaient avec leur professeur d’espagnol le livre d’Emmanuelle LABORIT traduit en espagnol.
Les adolescents boliviens étaient très heureux de rencontrer des Français et de communiquer par des signes ou mimes. Un moment très sympa !
Cette école a également crée des ateliers pour jeunes adultes. Nous avons eu le plaisir de visiter un atelier de couture où nous avons acheté de belles nappes faites par de jeunes femmes sourdes boliviennes qui sont hélas perdus lors de notre retour en France.
La troisième école à Cochabamba est le Centre Don Bosco situé à l’extrémité de la ville dans un quartier assez pauvre. Le Centre Intégré pour Sourd « Don Bosco” est un Centre d’Enseignement fondée en 1974 pour accueillir, le jour, les enfants et adolescents sourds et le soir des adultes sourds désirant s’instruire.
Le centre est un petit établissement assez dégradé, composé de deux étages avec une cour non cimenté. Les classes visitées ne sont pas séparées par des couloirs.
Depuis 1994, l’établissement est géré par deux directeurs. L’un est responsable du centre durant la journée, chargé de l’enseignement scolaire et éducatif des enfants et adolescents sourds. L’autre est responsable du centre dans la soirée et chargé de l’instruction des adultes sourds.
Dans la journée, le personnel est composé de 8 professeurs pour s’occuper de 30 enfants. Il y a plusieurs classes allant de la maternelle jusqu’à la fin du secondaire. Apparemment, l’enseignement dispensé est un enseignement adapté pour des élèves sourds qui éprouvent des difficultés d’apprentissage. En plus de l’enseignement scolaire, les enfants sourds suivent des séances d’orthophonie en vue d’une meilleure intégration dans la société bolivienne. La langue des signes américaine est aussi utilisée dans cet établissement.
Le soir, il y a 16 professeurs qui accueillent dans l’année 150 adultes sourds de 18 heures jusqu’à 23 heures. Certains suivent des cours pour apprendre à lire. D’autres font une mise à niveau ou suivent une formation pour obtenir un diplôme. Les adultes suivent aussi des séances d’orthophonie.
Le centre se maintient avec les contributions des étudiants, ce qui ne permet pas d’exécuter des dépenses considérables.
Les besoins les plus importants recensés sont d’améliorer les techniques éducatives du Centre, et la formation des interprètes. Ils ont également besoin de matériel scolaire et éducative.
Ils sont intéressés par les manuels d’enseignement en espagnol, surtout sur la langue des signes. Les ordinateurs sont également souhaités. Le Centre “M. Bosco” est considéré par les adultes sourds instruits comme un centre de pilote et de pionnier des courants éducatifs efficace sur la normalisation et l’intégration des enfants et adolescents sourds en Bolivie.
La quatrième école à sucre que Pierre a vu est un Centre d’ Audiologíe qui est aussi une école pour sourds. C’est la seule installation de la région, fondée en 1988 pour instruire les enfants sourds de la ville et des environs de Sucre. C’est un bâtiment neuf qui a été largement financé par le CBM en 1996 avec un étage et une cour cimenté. Dans cette école, Pierre a été bien accueilli par quelques professeurs et un groupe d’élèves communiquant en langue de signes. Les élèves avaient été surpris et ravis de recevoir un français et non un Américain et ont pris plaisir à communiquer avec lui en langue des signes comme s’il était « sourd bolivien ». La directrice a parlé du matériel qui manque à son établissement. C’est toujours le même problème qui revient : il s’agit d’appareils d’orthophonie.
Nous sommes allés à Potosi pour visiter la ville et ses célèbres monuments et nous avons pu visiter un institut qui accueille tous les enfants handicapés « l’Institut de Rehabilitacion SAN JUAN DE DIOS ». C’est la seule installation dans une des provinces les plus pauvres de la Bolivie (dans le sud ouest) sur une hauteur de 4.070 m. L’établissement offre un soutien pédagogique et médical pour des enfants qui souffrent soit d’un handicap auditif soit d’un handicap mental ou physique. Cet établissement est soutenu par le CBM .
Nous avons rencontré l’ancien Président de la Fédération des sourds de Bolivie, un homme très dynamique et charismatique qui nous a brossé la situation grave des enfants sourds en Bolivie : 80% des enfants sont éparpillés dans la campagne et n’ont pas accès à l’enseignement .
Il nous a aussi appris qu’actuellement, certains établissements spécialisés pour sourds en Bolivie se tournent petit à petit vers l’ASB (Langue des signes bolivienne), laissant de côté l’ASL ( Langue des signes américaine) afin de permettre aux jeunes boliviens de mieux accéder à la culture sourde bolivienne.
Nous sommes d’accord qu’il faudrait revenir plusieurs fois dans ce pays pour bien déterminer les réels besoins des enfants sourds en Bolivie et particulièrement dans les provinces pauvres.
Si nous sommes motivés à aider les enfants boliviens, nous pouvons commencer par deux écoles pauvres visités qu’il faut vraiment aider dans les prochaines années. Tout d’abord le centre Don Bosco à Cochabamba que nous avons trouvé dans un mauvais état et qui a besoin d’être modernisé. Puis l’Institut de réhabilitation à Potosi où il faut donner un coup de pouce pour séparer les enfants sourds des autres enfants handicapés et fonder une vraie école pour sourd.
Nous avons profité de notre séjour pour visiter un peu le pays : la Bolivie est un beau pays d’Amérique du sud avec ses traditions intactes, ses paysages grandioses alternant lacs et montagnes et ses merveilleux petits villages.. La langue officielle de la Bolivie est l’espagnol, mais 70% de la population parlent aussi le quechua ou l’aymara, langues indiennes.
Laurence Leschi et Pierre Labadens
Voir les photos – 1 article de presse